Si les veaux sont nourris de manière restrictive (< 10 l de lait par jour) et que la température descend durablement en dessous de la barre des 5-10 °C, il convient d’adapter les programmes d’alimentation et de distribuer plus de lait. Dans un premier temps, une augmentation d’environ 10 % suffit. Mais lorsque les températures sont inférieures au point de congélation, des augmentations de 20 à 30 % sont indiquées.

• Lors de l’alimentation avec le TaxiLait dans des seaux, on pourrait simplement augmenter la quantité de lait ou ajouter un troisième repas, par exemple à l’heure du déjeuner.
• Au niveau du D.A.L., les augmentations de quantité sont possibles simplement en modifiant la courbe d’alimentation.
• Au lieu d’augmenter la quantité, on pourrait aussi augmenter la concentration en LeP. Il faut toutefois veiller à ce que la concentration ne soit pas trop élevée, en fonction de la qualité du LeP, afin de prévenir les problèmes de digestion. La limite à ne pas dépasser est de 15-16 % de substance sèche dans la buvée. Le fabricant de LeP fournit des informations plus précises à ce sujet.

Si les veaux sont déjà nourris à volonté, il n’est pas nécessaire d’augmenter les quantités. Les veaux consomment ce dont ils ont besoin.

La situation devient toutefois problématique en cas de fort gel. Si la tétine ou même le seau complet gèle, les veaux ne peuvent plus sucer. C’est pourquoi il faut aussi prévoir un troisième repas ces jours-là et enlever les seaux dès qu’ils risquent de geler. Rien que le travail supplémentaire pour enlever le lait gelé peut être énorme.

Avec l’alimentation à volonté, les veaux sont habitués à du lait froid. La température du lait n’est alors pas particulièrement importante.

Mais en cas de buvée rationnée, il convient de maintenir une température suffisante d’au moins 35 °C, ou mieux encore de 38-39 °C. Les mesures suivantes peuvent y contribuer :

• Mélanger le lait dans le TaxiLait quelques degrés plus chauds. Surtout si les seaux d'alimentation sont froids, une chute de température doit être compensée lors du remplissage des seaux.
• Lors du transport dans le TaxiLait, maintenez le couvercle fermé. Une grande quantité d’énergie est perdue par le biais d’un couvercle ouvert. En cas de températures extrêmes < -10 °C, la couverture du TaxiLait devrait également être utilisée pour réduire le refroidissement du lait lors de l’alimentation.
• Un couvercle sur le seau louve permet également de conserver la chaleur dans le lait beaucoup plus longtemps que si le seau était ouvert.
• Au niveau du D.A.L., les tuyaux à lait devraient être isolés. Si les conduites à lait sont très longues (> 5 m), un système de chauffage d’appoint peut être utile. Il est toutefois important de contrôler la température. En effet, si le câble chauffe trop, il se peut que le lait dans le tuyau devienne trop chaud !

Le colostrum précoce n’est pas seulement important pour l’immunité des veaux. Outre les précieux anticorps, il fournit au veau nouveau-né beaucoup d’énergie et d’autres nutriments importants. C’est très précieux, car les veaux nouveau-nés n’ont qu’environ 3 à 4 % de réserves de graisse. En hiver, ces ressources énergétiques sont consommées en l’espace de 12 à 24 heures. C’est pourquoi, en plus du premier repas, qui devrait être donné dans un délai de 2 heures maximum pour développer l’immunité, un deuxième repas de colostrum après environ 12 heures est très important, surtout en hiver.

Outre le lait, la consommation de concentré et de fourrage grossier est un autre moyen de fournir plus d’énergie aux veaux.

En hiver, il est d’autant plus important que le concentré, le foin et l’ensilage soient volontiers consommés par les veaux. L’ensilage humide peut geler en cas de gel et ne devrait pas être proposé ! Le concentré devrait également être stocké à l’abri du gel et présenté frais tous les jours.

Il faut toutefois noter que la consommation de concentré des jeunes veaux est trop faible. Ce n’est qu’au bout de 4 à 5 semaines environ que les veaux commencent à consommer davantage de fourrage sec. Une augmentation de la quantité de concentré n’est vraiment prometteuse que dans la phase de sevrage.

C’est pourquoi l’énergie supplémentaire ne peut être offerte de manière fiable que par davantage de lait.

En hiver, les abreuvoirs risquent de geler. Les abreuvoirs des niches à veaux gèlent également, si bien qu’en cas de gel, il n’y a souvent pas d’eau du tout.

L’eau est toutefois indispensable si l’on veut favoriser la consommation de concentré et de fourrage grossier. Le rumen en cours de développement a besoin d’eau pour qu’une population bactérienne stable puisse se développer. On estime que pour chaque kilogramme de concentré, il faut consommer au moins 4 litres d’eau en plus du repas lacté !

Pour que les veaux apprécient l’eau, celle-ci doit être à une température agréable. En hiver, il peut donc être judicieux de proposer de l’eau chaude (environ 20-30 °C). L’eau doit être soit versée dans des seaux par le TaxiLait, soit proposée aux lots de veaux par des abreuvoirs à flotteurs chauffés électriquement.

Une autre raison de proposer de l’eau préchauffée est le fait que le veau doit réchauffer l’eau froide avec sa propre chaleur corporelle. Cette énergie n’est alors plus disponible pour la croissance.

Le veau nouveau-né sort d’un environnement à 38 °C dans le ventre de sa mère. Le choc du froid après la naissance est donc énorme ! En hiver, il est donc important que le veau soit rapidement essuyé et séché par sa mère ou par l’agriculteur. Un veau mouillé perd beaucoup d’énergie, contrairement à un veau sec ! C’est particulièrement important après une naissance difficile, lorsque la mère et le veau sont très stressés!

Pour sécher manuellement le veau, utilisez une grande serviette éponge. Frottez fermement le veau et veillez à ce que les poils se hérissent, le veau aura alors déjà une certaine isolation thermique.

Il va de soi qu’un parc de vêlage sec et abondamment paillé assure une protection thermique supplémentaire.

Les veaux refroidis peuvent être réchauffés à l’aide de lampes chauffantes, dans des boxes chauffants spéciaux ou même dans de petites pièces chauffées. Ce n’est que lorsqu’ils sont complètement secs qu’ils devraient être placés dans les boxes individuels.

En cas d’urgence particulière, c’est-à-dire lorsque les veaux sont en forte hypothermie, il faudrait même utiliser un bain d’eau chaude (max. 38 °C !) pour ramener rapidement la température corporelle du veau à un niveau normal.

Les manteaux pour veaux permettent d’économiser environ 20 à 30 % d’énergie et peuvent donc être utilisées comme alternative à l’augmentation des quantités de lait. Les manteaux sont particulièrement efficaces pour les jeunes veaux, car ils réchauffent leur dos. Il a été démontré que les poumons des veaux nouveau-nés ont besoin d’environ 2 à 3 semaines pour se développer pleinement. La « ventilation » des poumons commence par le haut et se poursuit vers le bas. Cela signifie que les manteaux pour veaux protègent bien la zone sensible des poumons sous le dos

Une étude comparative menée à l’Université Harpers [1]en Grande-Bretagne a montré que les manteaux pour veaux permettent aux veaux d’atteindre des gains de poids plus élevés tout en étant en meilleure santé. En outre, la conversion alimentaire des animaux est meilleure et, dans l’ensemble, les coûts par jour d’élevage et par kg de gain de poids diminuent.

Les manteaux pour veaux devraient donc être utilisées pour tous les veaux âgés de 3 à 4 semaines maximum, dès que les températures descendent en dessous de 10 °C. Comme point de repère, on pourrait dire que dès que l’homme a besoin d’un manteau d’hiver, il faut aussi offrir ce confort aux veaux. Lorsque les températures remontent et que les veaux transpirent sous la couverture, il faut le retirer. Cela peut aussi être le cas lorsque les veaux consomment davantage de concentré et que l’activité de la panse, et donc leur propre production de chaleur, augmente. Il faut donc vérifier si les manteaux sont encore utiles pour les veaux âgés de plus de 4-5 semaines.

Les manteaux pour veaux doivent en tout cas être bien ajustées aux couvertures. Ils doivent être lavables et devraient être lavés à au moins 30 °C au plus tard lors du passage à un autre veau.

Les chauffe-oreilles donnent un aspect particulièrement bizarre aux veaux. Mais ce qui fait souvent sourire en Europe est une très bonne solution dans de nombreuses régions d’Amérique du Nord pour éviter que les oreilles des veaux ne gèlent. Comme les oreilles décollées ont une grande surface et d’autre part peu de protection par la fourrure et les poils, elles sont souvent la première partie du corps qui doit effectivement être protégée contre les gelures.

[1] Simon P. Marsh et.al, 2014, « Evaluation of calf coats (Holm & Laue) on the performance and health of artificially reared winter born beef calves to 12 weeks »

Ce sont surtout les 2-3 premières semaines de vie que les veaux passent environ 90 % de leur temps allongés. La litière est donc très importante, surtout pendant la saison froide.

Avec beaucoup de paille dans le box pour veaux, les animaux peuvent se construire eux-mêmes un nid et se protéger ainsi du froid. Il est important que la litière soit sèche. Le contact avec de la paille humide ou une surface de paille compacte refroidit fortement le corps du veau et ces deux éléments sont peu adaptés à la construction d’un nid. Un drainage ou des écoulements de purin sous les niches à veaux aident à maintenir la litière sèche

Il s’est avéré qu’une base de sciure ou de copeaux de bois avec de la paille hachée pas trop courte comme couche est une combinaison idéale.

Le contrôle d’une litière suffisante peut se faire à l’aide de l’indice de litière (Nesting-Score). Il distingue trois situations:

1. Score 1 : Le veau est couché sur la litière. Toutes les extrémités sont visibles.
2. Score 2 : Le veau est en partie couché sur la litière. Les onglons et les articulations sont enfoncés dans la paille, mais les pattes sont encore visibles.
3. Score 3 : Le veau est profondément enfoncé dans la paille, les pattes ne sont plus visibles

En hiver, le score 3 devrait être atteint pour tous les veaux. En revanche, en été, le score 1 est préférable pour prévenir le stress dû à la chaleur. Lisez aussi à ce sujet le blog « Il fait chaud, très chaud ! »

Une bonne litière permet aussi aux veaux de rester propres. Une fourrure souillée et encrassée n’a qu’un faible pouvoir isolant.

C’est surtout en hiver que les veaux ont besoin de suffisamment d’air frais. Lorsqu’il fait froid, les veaux sont exposés au stress et ne devraient pas subir une charge supplémentaire de substances nocives ou de germes dans l’air.

Toutefois, des températures basses signifient aussi que l’on va essayer de réduire la ventilation au minimum pour éviter un refroidissement trop important du parc à veaux.

Avec les mesures décrites ci-dessus, les veaux peuvent bien résister à des températures basses allant jusqu’à -20 °C. Toutefois, les veaux sont très sensibles aux courants d’air. Il faut donc les éviter à tout prix ! Dans un parc à veaux fermé, les courants d’air sont dus à une ventilation mal réglée, dans les étables à climat extérieur ou les niches à veaux, ils sont dus au vent qui souffle dans l’aire de repos des veaux.

C’est pourquoi il faut prendre les mesures suivantes dans l’étable :

• Si la ventilation est mécanique avec des tubes ou des ventilateurs, des stations météo devraient régler la commande de l’aération et de la ventilation.
• Les nids à veaux ou les cloisons latérales interrompent les courants d’air indésirables. Attention : Ils entravent toutefois les flux d’air des tubes ou similaire.
• Les box individuels ou de lots avec niche pour veaux ou igloo (à l’extérieur mais aussi à l’intérieur) constituent une protection maximale dans l’aire de repos.
• Les niches ou igloos pour veaux à l’extérieur ont besoin d’un simple toit (comme le Jardin des Veaux ou la Véranda Igloo). Cela crée un microclimat particulier pour les veaux, maintient la litière au sec et assure un lieu de travail agréable et protégé.
• L’orientation de l’ouverture de l’igloo devrait être faite de manière à ce que ni la direction principale du vent (par exemple ouest-nord-ouest) ni les conditions météorologiques hivernales typiques (par exemple nord-est) ne soufflent dans l’igloo.
• Des brise-vent latéraux (soit à la hauteur des barrières, soit par des clôtures et des haies épaisses) permettent de réduire l’exposition des veaux au vent dans l’aire de repos.

Chaque conseil ou routine de travail, aussi bien intentionné soit-il, ne sert à rien si, en hiver, de nombreux facteurs se conjuguent pour qu’il soit impossible de s’occuper des veaux de manière adéquate. Si la panne d’électricité se prolonge, si les conduites d’eau gèlent ou si des chutes de neige extrêmes font qu’il n’est plus possible d’accéder aux igloos des veaux sans avoir préalablement déblayé la neige pendant deux heures et dégelé les conduites d’eau, il est souvent impossible de bien s’occuper des veaux.

Établissez donc à l’avance un plan d’urgence qui décrit exactement qui doit faire quoi et quand en cas de crise. Définissez exactement quel soutien votre équipe peut demander. Établissez des listes téléphoniques, des plans de situation pour le matériel de secours et les premiers soins. Commandez aussi à temps du sel de déneigement, des balais et des pelles, des réserves de nourriture suffisantes (au moins deux semaines de réserve), des médicaments, des vestes pour les veaux, etc. Assurez-vous que vos principales machines de travail sont bien entretenues, leurs réservoirs pleins de carburant et qu’elles sont prêtes à l’emploi.

P.S. : ce conseil s’applique bien entendu à l’ensemble de l’exploitation et devrait être élaboré dans le cadre d’un travail d’équipe collectif !